«Ils ne savaient pas que c’était impossible. Alors ils l’ont fait». Cette ambitieuse maxime de Mark Twain sous-tend chaque projet entrepreneurial. En effet, la peur de l’échec paralyse (voir l’article sur la frilosité des Français à entreprendre). Mais c’est surtout du succès dont on doit se méfier. La solution ? Pensez petit.
Démonstration en 2 temps.
1/ Le succès conduit inexorablement à l’échec
Dans son article, Greg McKean, le CEO de THIS Inc., décrit le fonctionnement de ce cercle vicieux : le succès multiplie les opportunités et les options, ce qui entraîne une diffusion des efforts et par conséquent un éloignement des objectifs précis initialement fixés. Objectifs clairs et définis qui avaient justement conduit à ce succès initial.
Et McKean de s’appuyer sur le livre de Jim Collins, «How the Might Fall», pour étendre aux personnes cette démonstration appliquée aux entreprises. Sociétés et individus doivent donc se méfier du succès.
Je rajouterai : « Et à plus forte raison, les consultants indépendants, dont le champ des possibles est infini».
En effet, en me lançant en tant que consultante indépendante, j’ai sûrement rencontré 10 fois plus de personnes en une année que les 10 précédentes en tant que salariée en agences. Et donc, potentiellement 10 fois plus d’opportunités en affaires (voir mon article « Cultivez votre sérendipité »).
Du coup, sur quels critères me baser pour choisir ? D’autant plus que je l’ai la fâcheuse tendance à «m’emparer» du sujet et à m’approprier rapidement l’univers de mes clients (un point positif pour l’adaptabilité, un peu moins pour la clairvoyance et la sélection de mes prospections)… D’où la solution : revenir aux fondamentaux et penser petit.
2/ Pensez petit pour réussir
C’est avec peu de moyens qu’on est le plus inventif, le plus créatif, le plus original (voir Frugal Innovation).
De la même manière, c’est en pensant «petit» qu’on parvient à conserver cette ligne de conduite qui mène au succès. Penser petit ne signifie pas manquer d’ambition mais aller à l’essentiel, de manière plus sélective,
en se posant les bonnes questions :
- qu’est ce qui me passionne ?
- mes compétences conviennent-elles pour y parvenir ?
- y a-t-il un marché ?
en adoptant des réflexes salutaires :
- faire le «vide» en s’interrogeant sur ce qu’on serait prêt à donner si on ne disposait pas d’une chose ou d’une mission (vs. quelle valeur je donne à cet objet que je possède déjà mais je ne relirai plus) = on ne prend réellement conscience de la valeur des choses que lorsqu’elles nous manquent, pas quand nous les possédons
- supprimer une ancienne activité avant d’en introduire une nouvelle (ce qui permet d’en estimer la valeur relative)
- appliquer systématiquement, méthodiquement, consciemment, régulièrement cette discipline de la recherche du «moins»
D’ailleurs, dans la conduite de projets, le succès passe par la conversion d’une machinerie impossible (j’allais écrire « une usine à gaz») en unités d’action minimales et indivisibles.
La clé du succès : voir grand (certes) mais penser petit (sûrement) !
Cécile Trompette, consultante indépendante qui essaie de penser petit avec un esprit grand ouvert